Jean-François Sivadier mène un atelier autour de Partage de midi de Paul Claudel avec les élèves de troisième année en section Jeu.
« Écrivains de plateau ». C'est une expression de Didier-Georges Gabily. C'est dire que l'auteur, le metteur en scène qu'il était, se souciait moins de voir sur le plateau des interprètes que des écrivains. L'acteur « écrivant » n'a plus à s'occuper de ce qu'il doit représenter. Il ne représente rien. Il entre pour écrire, pour s'écrire et non pour interpréter. Il entre pour prendre la parole (de quelqu'un d'autre) et, par-là, inventer un temps et un espace qui n'existaient pas avant lui.
Pendant trois semaines avec les jeunes acteur·rice·s de l'École du TNS, nous allons faire des expériences. L'expérience de prendre la parole comme un écrivain : avec le même risque, la même nécessité, la même « charge organique ». L'expérience de conjuguer, dans le même temps, le jeu et l'écriture « à vue ». L'expérience de parler avant d'être prêt à parler. Sous différentes formes, exercices, improvisations, travail sur une scène de Partage de Midi de Claudel, nous chercherons comment la pensée d'un texte, se révèle, sur le plateau, avant tout, par l'engagement physique. Comment l'acteur trouve sa liberté en donnant au corps de la langue, l'énergie dont il a besoin, en envisageant le texte comme une matière vivante, en le prenant « à bras le corps », en se délivrant de toute problématique de psychologie ou d'interprétation. Comment être en jeu sans avoir à « interpréter quoi que ce soit » ? Comment entrer sur le plateau, sans préparation, pour y jouer « vite et mal » selon l'expression de Vitez, comme des musiciens de jazz, qui sans se connaître, s'accordent et improvisent pour se rencontrer par la musique. Comment entrer sur le plateau, avec pour seul bagage, le désir d'aller vers l'autre : l'auteur, le partenaire, l'espace, le spectateur ? Jean-François Sivadier